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Changer les choses n’est pas facile. Cependant, il est grand temps de passer de 14 systèmes de santé au Canada à quelque chose de plus efficace.

17 Mar 2023

Un commentaire de R. Douglas Wilson, président

(Note: ce texte résume la présentation faite par Dr Wilson à la FMC Ouest/Centre le 16 mars)

Depuis 60 ans, il est convenu de penser qu’un réseau de santé provincial est une bonne idée, confirmée en 1984 lorsque le premier Premier ministre Trudeau l’a coulée dans le béton constitutionnel. Rétrospectivement, le Canada a raté une importante occasion de repenser la gestion des soins de santé car un plan national s’imposait.

La SOGC, par l’entremise du Dr Nick Leyland, du Dre Diane Francoeur et de moi-même, a tenté d’attirer l’attention des médias avec des idées novatrices, alors qu’une énième confrontation fédérale-provinciale sur les soins de santé se profilait à l’horizon. Nous avons envoyé une lettre ouverte au Globe and Mail, au National Post et au Toronto Star mais il semble que repenser le réseau de la santé n’est pas suffisamment d’actualité. La SOGC a diffusé l’essentiel de nos réflexions sous forme de PODCAST en mars 2023.

De plus, la SOGC a publié deux articles sur les politiques de santé dans le Canadian Health Policy Journal (Articles en anglais seulement):


Le thème de la récente rencontre interprovinciale avec le premier ministre fédéral ne visait qu’à obtenir une part des 196 milliards de dollars sans conditions. Le taux actuel d’aide fédérale aux soins de santé provinciaux était de 22 %. Les premiers ministres souhaitaient obtenir 35 % et ont quitté la réunion très déçus.

L’incapacité de chaque province à rendre compte de la qualité, de l’accès et des résultats se reflète dans le fait qu’elles refusent les mesures imposées pour montrer ou documenter à quel point elles gèrent et dépensent mal l’argent du contribuable.

Le gouvernement fédéral souhaite que tous les accords de financement à long terme soient conclus avant le budget du printemps 2023. L’une des questions clés sera celle des conditions des accords de financement bilatéraux dans le cadre de ces accords, les gouvernements provinciaux et territoriaux étant invités à élaborer des plans d’action qui indiqueront « comment les fonds seront dépensés et comment les progrès seront mesurés ». Ce type d’attente ou de contrôle exigerait que les provinces deviennent imputables et fournissent des résultats en fonction du financement obtenu plutôt que de satisfaire des exigences fédérales sans qu’il y ait de données permettant de savoir si cela a été fait ou non.

Je ne vois pas comment un entreprise pourrait utiliser ce processus de gestion et survivre, à moins de maintenir tout le monde dans l’ignorance: le patient, le professionnel de la santé et le bailleur de fonds (les contribuables à la merci des caprices de leurs politiciens provinciaux)?

Les soins gynécologiques et obstétriques au Canada nécessitent un leadership national, car les efforts provinciaux cloisonnés échouent.

Pourquoi une approche nationale est nécessaire?

En 2021, les dépenses de santé provinciales et nationales du Canada s’élevaient à plus de 300 milliards de dollars ($ CAN). L’absence de succès mesurables en matière d’application des connaissances au cours des 20 dernières années a été identifiée comme un obstacle à la création d’une nouvelle réforme de la santé. Au lieu de concentrer des efforts à améliorer la qualité des soins et repenser comment les soins sont offerts, le focus semble fixé à renforcer la pérennisation des réseaux de santé actuels.

Les besoins et les services des réseaux de santé provinciaux sont: influencés politiquement et axés sur les services cliniques; dépourvus d’un processus validé de définition des priorités assortis d’audits des résultats; peu ou pas d’imputabilité à la suite des transferts de fonds fédéraux destinés à combler des lacunes spécifiques en matière de services; une collaboration interprovinciale « réelle » limitée en ce qui concerne la gestion des ressources humaines et des services. La récente pandémie et la prévalence de la grippe continuent de montrer l’incapacité des 14 systèmes de santé à être efficaces.

Qui assure un leadership national?

La Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC) joue un rôle de chef de file à l’échelle nationale en offrant des directives cliniques fondées sur des données probantes et révisées par des pairs, ainsi que des activités éducatives à l’intention des professionnels de la santé en obstétrique et gynécologie de premier cycle, de niveau postdoctoral, généraux et spécialisés. Les possibilités de leadership provincial et national au sein de la SOGC sont créées par le réseautage, les groupes de travail et les comités. Le dialogue collaboratif avec les associations affiliées (CMPA, HIROC, associations universitaires de pédiatrie, d’anesthésie et de chirurgie) et les professionnels de la santé.

Commentaire final sur d’éventuelles considérations nationales et provinciales de haut niveau

Le changement nécessitera un processus efficace de défense des soins de santé avec: une action correctement dirigée vers une préoccupation clinique prioritaire; une interaction professionnelle avec intégrité; une compréhension claire des conflits d’intérêts; une stratégie et un processus de communication bien définis; une approche informée basée sur les meilleures preuves disponibles; une considération pour le processus avec de multiples options et solutions; chacun et tous doivent être ouverts et respectueux des autres opinions et des barrières politiques; la proposition doit être compréhensible; mesurable, responsable ; mais surtout, il faut envisager la persuasion plutôt que la menace.

Les quatre considérations ci-dessous présentent une complexité importante, des problèmes financiers et des problèmes de mise en œuvre:

Initiatives fédérales / nationales

  • Société d’État pour la gestion nationale des soins de santé: il est temps de reconsidérer les modèles nationaux ou régionaux de services de soins de santé (financés par le gouvernement fédéral; processus national de 3 à 5 ans), car le Canada ne compte que 36 millions d’habitants, ce qui n’est pas énorme, mais répartis sur un vaste territoire.
  • Facilitater et cofinancer une meilleure formation des ressources humaines dans le domaine de la santé au niveau post-secondaire, planification des soins de santé en milieu rural, autorisation d’exercer, régime national d’assurance-médicaments, santé publique et gestion des maladies chroniques et infectieuses.
  • La responsabilisation des administrations provinciales bénéficiaires des paiements de transfert fédéraux en matière de soins de santé, y compris la communication en temps utile de l’impact et des résultats du projet provincial.

Initiatives nationales-provinciales

  • Collaboration nationale-provinciale en vue d’une fusion régionale/géographique permettant d’améliorer l’efficacité des soins de santé et de réaliser des économies tout en améliorant l’accès, la qualité et les résultats en matière de sécurité des patients: Région du Nord-Ouest : C.-B., Alberta, Saskatchewan, Manitoba, Yukon, T.N.-O., Nunavut (12 millions d’habitants) ; Région de l’Ontario : (14 millions d’habitants) ; Région de l’Est : Québec, NB, PEI, NS, NFLD-L (12 millions d’habitants).
  • Des accords interprovinciaux seraient nécessaires pour réduire les redondances provinciales multiples « à grande échelle » dans les modèles administratifs, financiers, de ressources humaines et de services cliniques afin de créer un système de santé régional unique.

Priorités éthiques en matière de soins de santé

Les groupes de services cliniques pondérés par l’éthique offriront des possibilités de prévention pour réduire la morbidité et la mortalité en mesurant «l’impact des soins» et «l’efficacité» pour aider à orienter le financement des soins de santé et la prestation des services de manière appropriée. La concentration du financement des soins de santé sur les soins maternels, néonatals et pédiatriques, la prévention des maladies primaires et secondaires et la gestion des maladies chroniques vise à aider la population à être en santé. Cette modification réduirait la priorité clinique des services de chirurgie médicale fatale « actuellement » hautement prioritaires.

Autres considérations relatives aux ressources humaines

Les provinces ont négligé ou bloqué l’utilisation potentielle d’assistants médicaux, d’infirmières en pratique avancée ou d’autres ressources humaines en soins de santé formées à l’étranger. La sécurité et la qualité des soins doivent être prises en compte au même titre que les considérations fiscales.

Veuillez consulter l’article de commentaire publié dans le JOGC en mars 2023, mais certaines informations ont été ajoutées à ce DEPHI. Merci, mais souvenez-vous d’une citation de Winston Churchill : «Le succès n’est pas définitif, l’échec n’est pas fatal; c’est le courage de continuer qui compte».

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[1]  Recommendations de la Commission royale d’enquête sur les services de santé (1961-1964), dite “Commission Hall”: lien.

[1] Adoption de la Loi canadienne sur la santé: lien.