Impact de la COVID-19 sur la formation médicale des étudiants en obstétrique et gynécologie
Commentaire par Yesmine Elloumi, B. Sc.
Cet été, j’ai eu l’occasion de me rendre à la ville de Québec pour assister au Congrès clinique et scientifique annuel de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada. Le Programme pour les étudiants en médecine fait partie de mon exploration d’une carrière en obstétrique et gynécologie.
À la cérémonie d’ouverture, j’ai rencontré la Dre Maggie Morris, ancienne présidente de la SOGC, qui m’a demandé comment la COVID-19 avait affecté ma formation en obstétrique et gynécologie. Pour vous mettre en contexte, je suis une étudiante de la cohorte 2023 de l’Université de l’Alberta et je me suis récemment découvert une passion pour l’obstétrique et la gynécologie lors de mon stage de mars cette année. Je ne m’attendais pas du tout à tomber en amour avec la médecine, la chirurgie et les patients en obstétrique-gynécologie, jusqu’à ce que j’aie l’occasion de jouer un rôle utile au sein d’une équipe d’obstétrique et gynécologie.
La majeure partie de ma formation en préexternat avait eu lieu par Zoom, où je n’étais pas autorisée à faire partie des environnements cliniques avant de commencer ma formation en externat en août 2021. Ce manque d’expérience clinique combiné à un manque de mentors pour nous préparer aux milieux cliniques a exacerbé toutes mes incertitudes à propos de l’externat. Le fait de ne pas pouvoir observer différentes spécialités signifiait que je n’étais pas exposée aux scénarios cliniques quotidiens ni à la façon dont les étudiants en médecine s’intègrent à l’équipe de traitement. Cela signifiait également qu’il me manquerait des connaissances de base, comme la disposition des différents sites hospitaliers et où trouver les vêtements médicaux.
Étant donné la pression que la pandémie de COVID-19 a exercée sur l’ensemble du système de santé, notre classe était consciente que nous devrions nous adapter à un nouvel environnement d’apprentissage pour réussir notre formation en médecine.
Il ne fait aucun doute que la COVID-19 a causé un épuisement important chez les travailleurs de la santé. Étonnamment, j’ai pu observer comment les médecins traitants et les résidents ont su dissimuler avec brio leur énorme stress. Leur capacité à rester présent et professionnel pour répondre aux besoins de leurs patients et de leur équipe reflète fortement la résilience dont ils font preuve.
Néanmoins, j’ai pu voir que leur épuisement professionnel se manifesterait d’autres façons. J’ai remarqué qu’ils avaient peu ou pas de temps à consacrer à l’enseignement, qu’ils étaient moins disposés à fournir des conseils professionnels et qu’ils avaient généralement moins d’énergie pour encadrer les étudiants en médecine. J’ai réalisé que je devais m’adapter à cet environnement d’apprentissage tendu pour devenir un membre utile à l’équipe et montrer mon intérêt pour la spécialité.
Certaines des stratégies que j’ai employées consistaient à demander l’aide des infirmières pour me familiariser avec les différentes unités et salles d’opération, à solliciter des médecins de famille pour discuter de sujets en obstétrique et gynécologie, à exercer mes compétences chirurgicales avec ma cohorte tout au long de l’externat, et à continuellement demander de la rétroaction aux résidents et au personnel lorsqu’ils étaient disposés à le faire. J’ai découvert que demander des conseils était une façon efficace, quoiqu’angoissante, de nouer des liens avec des collègues expérimentés qui avaient autrement peu d’énergie pour enseigner et encadrer.
J’ai remarqué qu’en plus de causer l’épuisement professionnel, la pandémie a eu une incidence définitive sur la hiérarchie des possibilités de formation pour les résidents et les étudiants en médecine. De nombreux résidents de première et deuxième année avec qui j’ai travaillé m’ont expliqué que jusqu’à présent, ils avaient passé la majeure partie de leur formation à aider des chirurgiens et des résidents en chef.
Le manque de temps en salle d’opération et la nécessité que les médecins compétents prennent les commandes dans le contexte sans précédent qu’imposait la pandémie ont fait en sorte que de nombreux résidents ont dû soutenir l’équipe en arrière-plan, d’une manière autre que celle à laquelle ils s’attendaient. Par exemple, de nombreux résidents de première année ont indiqué qu’ils avaient principalement aidé d’autres chirurgiens et qu’ils avaient rarement eu l’occasion de pratiquer des chirurgies de base en obstétrique et gynécologie. J’espère qu’à mesure que notre système de santé se rééquilibre par rapport aux conséquences de la pandémie, les occasions d’apprentissage équitables pour les stagiaires redeviendront une priorité.
Heureusement, l’une des forces de l’Université de l’Alberta est que les étudiants en médecine et les résidents reçoivent tous une formation médicale axée sur les compétences, dans un cadre qui garantit que les stagiaires atteignent les objectifs fixés à chaque niveau de formation. Il sera important que les étudiants en médecine et leurs mentors travaillent toujours dans le cadre de la formation médicale axée sur les compétences afin de continuer à créer des milieux d’apprentissage productifs et rationalisés pour les futurs médecins.
En conclusion, le principal message que j’espère faire passer par mes réflexions en tant qu’obstétricienne-gynécologue ambitieuse qui effectue sa formation clinique pendant la pandémie de COVID-19 est l’importance de l’empathie. Non seulement est-il important de faire preuve d’empathie à l’égard des défis que la pandémie a posés au système de santé, mais aussi à l’égard de chaque être humain avec qui nous travaillons et de qui nous apprenons chaque jour.
En tant qu’étudiante en médecine, il est facile pour moi de m’attendre à ce que les médecins traitants et les résidents soient prêts à m’enseigner chaque fois que nous travaillons ensemble. Après tout, c’est à ça que sert un externat, n’est-ce pas? En réalité, en tant que stagiaires, nous apprenons des résidents et des médecins traitants qui gèrent des unités de patients, des urgences médicales et chirurgicales en naviguant des procédures en constante évolution au gré de la pandémie, en plus de leurs propres engagements en tant que conjoints, parents, frères et sœurs et plus encore. Nul besoin de connaître dans les moindres détails les facteurs de stress de chacun pour savoir que l’empathie et la gentillesse réciproques seront les meilleurs outils de persévérance.
J’espère que tous les lecteurs qui offrent de la formation aux étudiants en médecine garderont à l’esprit les défis auxquels nous avons dû faire face pendant notre formation et la valeur incommensurable de la gentillesse face aux erreurs que nous faisons dans notre parcours. Je suis très reconnaissante envers les personnes qui ont pris le temps de souligner mes forces et de formuler des commentaires constructifs sur mes faiblesses.
Je me réjouis de pouvoir un jour encadrer à mon tour des stagiaires en médecine.